55 - Précisions sur : être présent...

Publié le par Claude Louis


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Annie d'Ardèche

Concernant l'exercice de présence (rappel ci-dessous), voici mes premières découvertes et questionnements.
 
Mettez votre attention sur un objet de votre environnement,
1) voyez-le (voyez la forme de l’objet)
2) ressentez-le (ressentez les impressions que cet objet dégage)
3) nommez-le (qu’est-ce que c’est ? Votre réponse devrait être : c’est ...)


Ne restez que quelques secondes sur un objet,
le temps de vraiment le conscientiser
et passez à un autre objet.


Annie :
1) Mettez votre attention sur un objet
Pour moi l'étape 1) mettre l'attention, et l'étape 3) nommer l'objet sont spontanément très proches.
Je mets mon attention sur un objet, ce rocher par exemple et illico je le nomme et continue dans la foulée à détailler en les nommant ses caractéristiques telles que je les perçois (ou que j'en crée les perceptions au fur et à mesure ?) il est massif et lourd et couvert de lichens ... etc etc
C'est un processus d'autant plus ancré que j'utilise le sens de la vue (je regarde l'objet) pour mettre mon attention sur l'objet. Mais je peux utiliser un ou plusieurs autres sens pour cela. Et je peux aussi porter mon attention sur un objet de mon environnement sans utiliser l'un ou l'autre de mes 5 sens physiques... ce qui du coup déconnecte un peu l' "étiquetage automatique"
 
Claude :
Il serait judicieux de ralentir, si possible, la “machine mentale”. C’est notre système informatique mental qui dit ce qu’il croit devoir dire. Ce système est conditionné depuis des années (et des millénaires au niveau de la conscience collective) à parler (car notre système informatique parle !) sans y être invité !

Il s’agit de reprendre le contrôle de cet ordinateur que l’on appelle cerveau/mental et de l’utiliser, sinon nous sommes utilisés par lui, ce qui est une condition peu enviable !

Pour tenter de reprendre ce contrôle, il s’agit de mettre son attention sur un objet et de voir la forme. Au départ il est vraiment préférable de faire l’effort de simplement voir et ne pas nommer. Pour s’aider il faut être conscient de mettre son attention sur une réalité et de la voir. Oui, tout simplement être conscient de voir quelque chose.

Au point 4 vous demandez : qu’est-ce que c’est ?
Et le système informatique vous donne sa réponse ; mais dans ce cas vous avez contrôlé le mental, il ne vous donne sa réponse (dont vous êtes effet) qu’après avoir repris votre point cause en posant la question.



Annie :
2) Ressentez-le
Si je me force à intercaler cette étape entre les 2 autres, je passe à un autre niveau, non intellectuel, que je mets plus longtemps à atteindre (quelques dizaines de secondes à 2 ou 3 minutes). C'est une espèce d'état d'absorption dans l'objet où la différence entre moi et l'objet s'estompe. Ce n'est pas désagréable et il me semble que cela pourrait durer une éternité, si la notion du temps avait encore du sens à ce niveau.
Bon, mais comme je ne suis pas là pour m'amuser mais pour faire l'exercice je me force à sortir pour passer à l'étape suivante, et là non plus ce n'est pas instantané même si c'est plus rapide que dans l'autre sens...
Mais quand j'essaie de nommer l'objet ce qui vient spontanément c'est : C'EST.
En soi. Ni spécialement moi ni spécialement le rocher, c'est, tout simplement.
Il me faut vraiment faire un effort d'orientation pour revenir à un niveau plus “superficiel", plus "moderne" là où il y a des mots et d'où l'on peut dire : c'est un rocher.

Claude :
Oui, c’est passer à un niveau non intellectuel, parce que nous ne sommes pas seulement un cerveau (celui-ci n’est qu’un outil).

Au départ, nous mettons un certain temps à ressentir simplement parce que nous ne sommes pas dans le temps présent à cause du bavardage du mental ; le mental est continuellement dans le passé ou le futur, il est fait pour cela.

Et avec un peu d'entraînement, les impressions arrivent immédiatement.

Certaines personnes peuvent avoir quelques difficultés à :
1) atteindre l’objet (à cause de notre machinerie mentale)
2) se retirer de l’objet (à cause aussi de notre machinerie mentale)

Et bien le but de l’exercice est, entre autres, l'entraînement à atteindre une réalité, à s’incarner dedans (s’identifier) et à se retirer de cette incarnation (se dés-identifier). Et ne pas y arriver immédiatement est peut-être normal pour la grande majorité, d’où un entraînement journalier conseillé.

Concernant : qu’est-ce que c’est ?
Si la réponse qui vient : C’EST !
Et bien c’est OK.

il y a un koan zen qui dit à peu près :
“La montagne est la montagne.
Puis vient le moment où la montagne n’est pas la montagne.
Et enfin, vient le moment où la montagne est la montagne.”

Une des interprétations (que l’on ne fait pas dans le zen) est que d’abord le rocher “c’est un rocher”, le rocher du conditionnement que le mental nomme parce qu’il est conditionné à le dire, c’est son programme.

Mais en ressentant le rocher, en faisant l'expérience du rocher, "ce rocher n’est plus vraiment un rocher". On est dans le niveau du vécu par identification.

Puis on se retire de ce vécu qui est une expérience personnelle et l’on revient au vécu de monde, et "le rocher est le rocher". Peut être qu’à ce moment-là "C’EST" tout simplement, ou C’EST... mon rocher, C’EST... mon vécu.

On dit le même mot que tout le monde, mais il n’a plus la même signification pour soi.


 
Annie :
3) Nommez-le
Quelque fois, la fatigue ou l'espièglerie aidant, je fait carrément tout l'exercice à un autre niveau, beaucoup plus enfantin, tout aussi spontané, et qui peut facilement être quasi-instantané.
Ce qui vient à la place de "c'est un rocher" c'est : "je suis un rocher". Comme un jeu du genre "on dirait que je serai un rocher et que toi tu serais un oiseau, et que je serai lourd et couvert de lichens, et que toi tu volerais... etc etc "
C'est comme si moi s'identifie au rocher, tout en continuant d'exister en tant que moi, qui devient un rocher animé en quelque sorte...
 
Est-ce que l'une ou l'autre de ces façons de faire est correcte... ou non ?
Faut-il travailler préférentiellement l'agilité et la souplesse dans la présence et l'attention ou plutôt la profondeur et l'intensité du ressenti ? La rapidité et la régularité du processus ?
Merci de ton aide

Claude :
Oui nous pouvons nous amuser comme les enfants.
Rappelez-vous quand vous étiez dans le monde magique des identifications à toute chose, rappelez-vous comme l’existence était amusante, beaucoup plus que métro, boulot, dodo. Surtout si nous avons des difficultés à dormir :-)

Aujourd’hui nous croyons dur comme du béton armé que nous sommes ce que nous sommes, ce qui veut dire que nous avons atteint une réalité, l’humain, et nous ne pouvons plus nous en dégager. C’est un peu comme atteindre sa voiture, rentrer dedans et ne plus pouvoir en sortir.

Rentrer dans sa voiture et s’amuser avec, c’est génial. Mais si je suis coincé sans pouvoir sortir c’est beaucoup moins génial ; surtout si je pense y rester encore coincé quand elle ira à la casse (la mort). Cela peut être un peu dur comme vécu !

Il n’y a pas forcément une façon de faire meilleure que d’autres, le tout est de voir avec conscience et de ressentir, toujours avec concscience.

Il faut comprendre que dans le domaine de l’identification aux réalités de l’existence nous pourrions être au quatrième niveau de la connaissance (je ne sais plus que je sais, mais je le fais... sans conscience ). Ce qui m'amène à être certaines réalités que je ne souhaite pas, et je ne sais pas comment ne plus être cela !!!

Il s’agit dans un premier temps de revenir au troisième niveau de la connaissance (je sais que je sais et je le fais avec conscience).

Cet exercice est fondamental pour retrouver sa maîtrise à être, faire et avoir, autrement dit, à commencer un cycle, le continuer, le terminer, donc avoir un objectif et marcher dans sa direction. Ce dernier point peut être considéré comme le bonheur.

Nous devrions être capables d’atteindre et être que ce que nous souhaitons être, pour faire ce que nous souhaitons faire afin d’avoir ce que nous souhaitons avoir. Voilà le premier bonheur.

Et d’un autre côté, nous devrions aussi être capables de nous retirer de ce que nous ne souhaitons plus être, pour ne plus faire ce que nous ne souhaitons plus faire, afin de ne plus avoir ce que nous souhaitons ne plus avoir. Voilà le deuxième bonheur.

Je vous souhaite beaucoup de bonheur sur ce chemin de l'Être.


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